« Il y a une désespérance, une morbidité chez Zweig qui peuvent paraître s’accorder aux violences et aux déchirements des générations de l’après-guerre, et même du lointain après-guerre. Une désespérance, une morbidité qui peuvent expliquer la force d’attraction qu’elles exercent notamment sur les adolescents. Ces fumées délétères de l’œuvre, qui sont peut-être son drame le plus envoûtant, continuent d’agir comme un poison mortel. Mais l’œuvre – et c’est son prodige – contient son contre-poison. Cet étrange pouvoir de consolation, si familier à ses lecteurs, au sein des récits les plus sombres : comme une pâle lueur à l’aube. L’espoir d’un possible matin. Après sa plongée dans les abîmes, le lecteur retrouve l’espoir ou la diffuse promesse d’un espoir. Zweig n’abandonne jamais son lecteur dans la nuit. Il a trop de pitié, trop ce bonté chez cet écrivain qui a porté aux sommets-et c’est sans doute aussi un de ses principaux attraits –l’art de la commisération. »
Stefan Zweig, L’ami blessé, Dominique Bona, biographie, Ed. Grasset, 2010, 464 pp
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