Quand la lettre se fait substitut de présence

3139aRATjRL._SX298_BO1,204,203,200_.jpg Semaine d’hommage à Claude Debussy, décédé le 25 mars 2018

 Claude Debussy avait la déclaration d’amour ardente. En témoignent les missives passionnées  qu’il adresse à Lilly Texier, au début de leur relation. Et si Lilly ne peut combler l’artiste de sa présence, celui-ci parvient à se consoler de la matière épistolaire. La lettre se fait alors substitut de présence. De quoi ravir un blog dévolu à l’épistolaire , réchauffer une première journée à vocation printanière..

 Nous sommes le samedi 27 mai 1899

Ma Lilly  chérie, 

 Je ne peux pas te dire la joie que m’a donnée ta lettre… 

(…) 

Oui, c’est comme si pendant un moment je t’avais tenue dans mes bras, telles phrases de ta lettre me donnaient le même frisson que me donne ta bouche …

(…)

Alors, cette nuit, j’ai embrassé ta lettre comme une personne vivante,  tant j’avais besoin de sentir quelque chose de toi sur ma bouche, un peu de frais parfum de tes lèvres est monté vers moi et j’ai tendu les bras à ce rêve, fait de tout ce que tu as laissé en moi d’impérissable amour.

Il paraît que  le geste d’embrasser une lettre est démodé et romance ?  Eh bien, tant pis pour ceux qui trouvent cela, je pense d’ailleurs que c’est la jalousie qui les fait parler ainsi, Moi, je m’en déclare, très fier ! ….

(…)

Claude Debussy, Correspondance(1872-1918) , édition établie par François Lesure et Denis Herlin et annotée par François Lesure, Denis Herlin et Georges Liébert, Ed. Gallimard, juillet  2005, 2332 pp [ Corr]