Novembre s’amorce qui nous invite aux derniers épisodes de notre série « Mar-dites-moi, Emile Verhaeren » dédiée au centenaire de sa disparition, le 27 novembre 1916
Initiée en 1905 tandis que Rainer Maria Rilke (1875-1926) résidait à Meudon – il était , pour un temps, secrétaire d’Auguste Rodin – l’amitié nouée avec Emile Verhaeren, perdure malgré l’entrée en guerre de 1914 qui les place en factions opposées. Ce ne sera pas le cas, on l’a vu, déploré, de la belle amitié liée avec Stefan Zweig et même Richard Dehmel,….
Les deux poètes nourrissent leur correspondance d’échanges d’oeuvres personnelles, de compliments sentis . Mais il arrive aussi qu’ils se conseillent l’une ou l’autre lecture…
Rainer Maria Rilke à Émile Verhaeren
Paris, 17, rue Campagne-Première
ce 28 Janv. Mercredi [1914]
Mon cher Verhaeren,
Je vous envoie le Proust [ NDLR Du côté de chez Swann, que Rilke vient de découvrir] car il me semble que ce sera un livre qui vous occupera très agréablement ces jours où vous sortez encore peu.
J’ai remarqué que Gide estime beaucoup la seconde partie (l’histoire amoureuse de Swann) moi je la trouve plus faible que le reste, c’est à dire plus « roman» dans le sens courant de ce mot – ; mais vous verrez.
Hier, en sortant de chez vous, j’ai trouvé le ciel si beau, que je suis entré encore un instant au parc ; j’ai failli d’y laisser mes chaussures, mais j’ai gagné plus à la tête que je n’aurais pu perdre du côté opposé. Après j’ai abandonné la moitié de mon billet et je suis rentré par le tram, ce qui était parfait
(…)
Vous voyez que vous m’avez rendu l’âme meilleure, merci à vous et à Madame Verhaeren,
et tout à vous
Votre
Rilke
S: Verhaeren – Correspondance II Rilke et Dehmel (1905-1925), Edition établie par Fabrice van de Kerckhove, AML, Editions, 2012, 238 pp
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