Est-il besoin de vous expliquer pourquoi nous publions, ce jour, le billet…
Il est encore temps de rejoindre le Musée des lettres et manuscrits de Bruxelles et la dernière table ronde que j’animerai en 2012, consacrée à la correspondance d’Antoine de Saint-Exupéry.
Notre HIgh Tea dominical infusera, de même, un extrait du recueil, paru en 2001.
Lorsqu’Antoine (de Saint-Exupéry) rejoint Alger, au printemps 1943, il fortifie, d’une séparation douloureuse, les liens qui l’unissent à Consuelo. Cette dernière prend le… pli, de lui adresser une missive chaque dimanche – qu’elle n’enverra pas – sorte de journal qu’elle lui lira à son retour. Las, le pilote jamais ne reviendra. Consuelo abandonne la tenue du journal quelques mois après la confirmation officielle du décès de son mari; elle le reprend en 1951. Impatience (du retour), angoisse (du non-retour), vérité de l’amour s’expriment sous forme d’un dialogue fictif, truffé de menus propos.
– » Il me semble, oui, que quand je t’écris ainsi, je sauve quelques parcelles du beau et du bon que tu m’as confiés en dépôt. » (juillet 1943)
– » Je suis bien récompensée de vous avoir dit oui. Je suis vôtre. Et je continue à être votre compagne de toutes les heures. Habillée d’un manteau brodé de larmes, je pense toujours à vous. » été? 1943
Des lettres qui traduisent aussi l’inconfort matériel de l »incertitude: « C’est toujours encombrant , la femme d’un homme porté disparu, c’est quelqu’un qui n’est pas en ordre, avec lequel on ne peut pas traiter comme une vulgaire veuve. On n’a pas le droit d’être tout à fait triste ni en deuil et on ne doit pas non plus rire ni embrasser les dernières feuilles de l’automne. Je me sens rejetée comme un objet perdu. Je me dis que je suis aussi perdue que toi mais qu’on finira bien par se retrouver. »
Lettres du dimanche, Consuelo de Saint-Exupéry, préfacées d’Alain Vircondet, Plon, 2001, 186 pp
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