Après avoir vanté, mercredi passé – et surtout le 16 octobre 1675 – les bienfaits imparables de l’eau de la Reine de Hongrie, la marquise de Sévigné, s’attaque, s’il l’on peut dire, à l’eau d’émeraude.
Nous sommes en 1685 – le temps a passé si vite – et notre chère marquise, tente, des mois durant de soigner un ulcère variqueux à la jambe, conséquence d’un accident de carrosse, en janvier de la même année.
Son opiniâtreté à s’en déclarer sans cesse guérie dément précisément le bien-fondé de ses convictions
C’est la méthode Coué, avant la lettre.
Mais de bonne guerre, notre amie entend rassurer sa fille, sa chère Françoise de Grignan.
Alors, après s’être enduite, avec bénéfice, d’eau d’arquebusade – en mars – Marie savure les bienfaits de l’eau d’émeraude, mise au point par père capucins au départ d’herbes fraîches – d’où sa couleur – fermentation alcoolique, esprit de vin rectifié.
Nous sommes le 1er juillet 1685:
« Je suis donc parfaitement guérie puisqu’il y a six semaines et au-delà que je n’ai plus aucune plaie ni approchant. Je marche tant que je veux. Je mets d’une eau d’émeraude si agréable que, si je ne la mettais sur ma jambe, je la mettrais sur mon mouchoir. »
Madame de Sévigné, Correspondance, Texte établi, présenté et annoté par Roger Duchêne, Ed. Gallimard –NRF – La Pléiade, 1972-7
– tome II( septembre 1680- avril 1696) 1978- 1890 pp – avec la collaboration de Jacqueline Duchêne pour l’établissement de l’index.