Marguerite Yourcenar cultivait certaines amitiés, guère les mondanités. Ce n’est pas lui faire offense que de le constater. Elle avait du reste la brouille assez aisée…. Rappelons-nous son courroux de se voir déranger en son antre par Elvire de Brissac, jeune écrivain en 1977 et surtout , crime de lèse- courtoisie, de découvrir la description peu amène que son invitée indélicate opérera de Grace Frick, sa compagne.
D’aucuns sont plus discrets, plus modestes, tel le Canadien Yvon Bernier, véritable aficionado de l’écrivain qui, se rendant à Monts-Déserts, n’ose signaler sa présence à son idole. Il le lui signifie après son séjour de 1974 dans les parages. Marguerite Yourcenar l’en gourmande aussi gentiment qu’elle l’en félicite. Ils deviendront amis à vie.
« Je ne puis trop vous dire combien j’ai apprécié les sentiments de discrétion et de véritable modestie (pour moi suprêmes vertus, en quoi je ne suis pas d’accord avec mon siècle) qui vous ont incité à ne pas me faire signe pendant votre séjour à Northeast Harbor où vous étiez pourtant venu voir « mon décor ». [ … ] Néanmoins, puisque vous aviez pris la peine de venir, j’ai un peu regretté que vous ne m’ayez pas donné un coup de téléphone. Nous aurions trouvé le temps d’un moment de conversation et d’une tasse de thé ou d’un verre de bière au jardin-.»
Extrait de Marguerite Yourcenar, Archives d’une vie d’écrivain, Achmy Halley, beau livre, catalogue d’exposition, Ed. Snoeck, nov. 2015, 120 pp
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