Alexandra David-Néel avait de nombreuses qualités; elle n’était pas diplomate.
Tel un lama dans un magasin de porcelaine, elle fait à son mari, Philippe Néel, dont elle est séparée, de continent, depuis trois ans, une déclaration qui pourrait passer pour de l’amour:
S’il n’est pas un parangon de beauté, Philippe peut se rassurer: de loin, il est agréable à considérer et son élégance – primordiale à entretenir – est une précieuse alliée
On croirait entendre la marquise ( de Sévigné) évoquer son gendre, François de Grignan.
Sacrée Alexandra.. Depuis Gangtok, ce 10 août 1914, L’exploratrice évoque, en même temps que la nouvelle de la guerre, l’achat d’un costume de […] bleu :
« Il vaut beaucoup mieux te faire habiller à Paris qu’à Bône où l’on te fabriquerait des horreurs. Tu n’es pas d’un style à porter de la confection provinciale, mon Mouton .
Tu es un monsieur élégant et je me souviens que mes sentiments esthétiques (j’entends de cette esthétique quintescenciée des gens élevés aristocratiquement) m’ont plus d’une fois portée à te regarder de loin avec plaisir, comme un joli objet. Il y a des gens qui sont beaux, artistiquement beaux de visage ou de corps comme des statues, mais qui, avec cela n’ont aucune élégance. Toi, mon petit, tu ne pourrais point poser pour Phébus-Apollon mais tu es extrêmement élégant d’allure et il te faut vêtir cette élégance d’enveloppe en rapport.
Alexandra David-Néel. Correspondance avec son mari – Edition intégrale 1904-1941, Ed. Plon sept. 2016, 948 pp