Festival de la correspondance de Grignan – 4e Jour
Rivons nos yeux, en ce vendredi neuf sur le texte de la lecture-spectacle de ce soir à 20h (dans la cour du Château de Grignan)
Orchestré par Virginie Berling, il rassemble des manuscrits saisis au domicile d’Olympe de Gouges (1748-1793) , la célèbre femme de lettres, de convictions, lors de son arrestation, le 20 juillet 1793
Epitres, brochures, écrits publics, missives singulières, adressées à Philippe d’Orléans, Marie-Antoinette, …. conforteront le Tribunal révolutionnaire de sa culpabilité, du bien fondé de son exécution, sur l’échafaud, le 3 novembre 1793
Puissent ses cris, ses écrits ne pas rester lettre morte
C Ȏtait le voeu profond de cette femme courageuse
Ecoutons-la s’adresser au peuple:
« Ô peuple ! Citoyens malheureux ! Écoutez la voix d’une femme juste et sensible. Vous n’êtes heureux qu’autant que vous n’êtes pas obérés. L’État a des ressources, et vous, vous n’avez que vos bras. Si vous les énervez à des folies, à des veilles, comment retrouverez-vous vos forces et votre courage pour reprendre utilement vos travaux ?
Que dis-je ? N’avez-vous que cela à craindre ? Et les batailles sanglantes qui succèdent toujours à cette joie effrénée ? On est forcé d’interposer l’autorité, et voilà une boucherie effroyable. Sans vous informer de qui vous prenez la défense, vous donnez à corps perdu dans un chemin d’abîmes que vous aura frayé un séditieux, un malintentionné, un félon. »
Et aux femmes, ses congénères:
Les femmes, hélas ! trop malheureuses et trop faibles, n’ont jamais eu de vrais protecteurs. Condamnées dès le berceau à une ignorance insipide, le peu d’émulation qu’on nous donne dès notre enfance, les maux sans nombre dont la nature nous a accablées, nous rendent trop malheureuses, trop infortunées, pour que nous n’espérions pas qu’un jour les hommes viennent à notre secours.
Ce jour fortuné est arrivé
Dénoncer les mauvais traitements subis durant son incarcération et la conscience pure qui la soutient
Septembre 1793
Tribunal redoutable, devant lequel frémissent le crime et l’innocence, j’invoque ta rigueur, si je suis coupable. Mais écoute la vérité. L’ignorance et la mauvaise foi sont enfin parvenues à me traduire devant toi. Je ne cherchais pas cet éclat. Contente d’avoir servi, dans l’obscurité, la cause du peuple, j’attendais avec modestie et fierté une couronne que seule la postérité peut donner à ceux qui ont bien servi la patrie. Une conscience pure, voilà mon défenseur. »
Et de clamer dans une ultime vigueur :
Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort !
Apolline Elter
Olympe de Gouges- « Choisissez : la boîte à Pandore est ouverte »Lettres pour la Nation 1788 – 1793 , Virginie Berling, Ed. Triartis, Scènes intempestives à Grignan juillet 2021, 60 pp