» Désormais, ce théâtre mien est sauvé, vous l’avez révélé au monde. »
Ce cri,jailli du coeur et d’une missive de Michel de Ghelderode (1898-1962) , est daté du 6 décembre 1949.
L’écrivain s’adresse au couple de Catherine Toth et André Reybaz , les fondateurs de la «Compagnie du Myrmidon», fervents adeptes, courageux défenseurs de la dramaturgie de notre compatriote.
Et du courage, il en fallait, fin des années 40, pour mettre en scène, promouvoir les textes de ce Belge méconnu au régiment du plat pays et affronter les courroux corollaires.
La représentation, mi-automne 49, de Fastes d’enfer déclenche un véritable tollé dans la salle du théâtre Marigny, évoquant par bien des points le scandale hugolien d’ Hernani.
Ghelderode le sait, qui écrit à ses bienfaiteurs en date du 29 octobre 1949
« L’important, c’est qu’il y ait bagarre –puisqu’il y a bagarre, dit-on ; c’est qu’il y ait mouvement, vie, passion ! Tant pis si les « honnêtes gens » râlent au nom du bon goût : je n’ai jamais écrit pour les honnêtes gens, pas plus que vous ne jouez pour cette sorte de public, n’est-ce pas? »
De bagarres et prises de position tranchées naîtra une « ghelderodite parisienne aigüe » qui aura le bon goût de rejaillir en nos frontières.
Penchée sur la colossale correspondance de Michel de Ghelderode, Agnès Akérib a choisi l’angle d’approche très éloquent de sa correspondance avec Catherine Toth pour la lecture spectacle qui se déroulera samedi 7 juillet à 12h30 dans le Jardin Sévigné du Festival de la correspondance de Grignan..
Le texte en est édité auprès des éditions Triartis
Une façon bienvenue d’aborder l’extrême complexité du personnage.
Apolline Elter
Fastes d’enfer pour un triomphe! ,Adaptation libre de la correspondance de Michel de Ghelderode à Catherine Toth, Agnès Akérib, Ed. Triartis, Scènes intempestives à Grignan, juin 2018, 76 pp