Admirateur de la première heure d’Emile Verhaeren – nous avons déjà largement évoqué le sujet dans la rubrique consacrée à l’écrivain autrichien- Stefan Zweig lui consacre, en 1910 ( pour la traduction française) une biographie élogieuse, très engagée.
Certains Français la lui reprocheront, estimant qu’ à trop insister sur les racines et mentalité germaniques du poète, Stefan Zweig l’a amené à lui, attiré en sa propre culture, plutôt que d’en démontrer l’ouverture, le côté résolûment européen.
C’est un débat.
Dédiée à Camille Lemonnier, la biographie voit en Verhaeren, un homme aussi visionnaire de son temps que poète indispensable à l’époque. Et le fougueux Viennois de s’exclamer:
« Toute notre époque se reflète dans l’oeuvre de Verhaeren »
« Ainsi Verhaeren, visionnaire enthousiaste est le plus grand poète d’aujourd’hui, parce qu’il est le poète nécessaire et le poète de la nécessité. »
Sa vitalité exceptionnelle prend source dans ce qui fait la force de la nation belge: ses racines mixtes, latines et germaniques.
Ainsi:
« Verhaeren proclame le triomphe de la race belge »
Et Zweig de s’extasier sur le rapport de Verhaeren aux humbles, son contact physique vrai, avec les êtres et la nature, .. d’expliquer, par une sorte de psychanalyse, ses moments de crise, minimiser le rôle de l’amour, la valeur de la dramaturgie, dans l’oeuvre verharenienne…
« L’Europe entière parle par sa voix, et cette voix s’élève au-dessus du siècle présent. »
Une bio engagée, jaillie de la plume d’un passionné, sorte d’épopée qui place le héros dans la vitrine de l’Histoire.
Du Zweig, pure facture.
Apolline Elter
Emile Verhaeren, sa vie, son œuvre, Stefan Zweig, 1910 (plusieurs éditions dont en livre de poche et numériques)
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