Après avoir dûment célébré le centenaire du décès de Claude Debussy, le 25 mars 1918, il nous faut fustiger quelques propos bien peu amènes sur les Belges.
Suivait-il en cela les traces de son cher Baudelaire?
Il se peut mais ce n’est pas à porter au crédit de son intelligence….
Séjournant en l’hôtel Métropole, à Bruxelles, en ce pluvieux mois de janvier 1907, le compositeur assiste aux répétitions de Pelléas et Mélisande, qui va enfin être créé à La Monnaie. Il n’en est pas du tout satisfait, comme il l’écrit à son éditeur et ami Jacques Durand, en date du 3 janvier
Je passe des après-midi à me ronger les nerfs après un orchestre qui manque de tact et de goût, Quant à M’ Sylvain Dupuis il tient plus bœuf que du chef d’orchestre … il a une façon spéciale de déformer le plus simple des rhythmes qui, je l’espère, n’appartient qu’à lui
Nous tairons de notre côté l’orthographe de « rythmes » qui n’appartient qu’à lui
Et le père de Pelléas -hélas- de poursuivre:
(…) du reste, les Belges parlent et promettent beaucoup pour se dégager ensuite avec la plus tranquille hypocrisie. Au surplus ce petit peuple ressemble aux petits hommes par une prétention boursouflée qui n’est que ridicule en général mais qui devient dangereuse quand il s’agit du sort d’une œuvre d’art.
On croirait entendre Charles..
Et de conclure:
(…) car malgré tout, je suis volontaire, jusqu’à en être très mal élevé quand il est question de musique, et il est bien difficile, même à des Belges, de ne pas faire ce que je veux.
On peut difficilement être plus aimable à notre égard
Rendez-vous mardi prochain pour la suite de ce feuilleton épistolaire
Claude Debussy, Correspondance(1872-1918) , édition établie par François Lesure et Denis Herlin et annotée par François Lesure, Denis Herlin et Georges Liébert, Ed. Gallimard, juillet 2005, 2332 pp