Chère Madame de Sévigné (16/*)

Ne m’en tenez point rigueur, honorée Marquise, voici plus de quinze jours que je vous laissai sans nouvelles, proie des moustiques et des scorpions de cette Provence excessive qui jamais ne rencontra vos faveurs.

J’avais promis une visite du Château de Grignan. Vous y séjournâtes plus de quatre ans, si l’on additionne la durée de vos séjours, pestant contre la bise (le mistral) , les excès du climat, les morsures d’insectes et autres maux qui assaillaient votre coeur tant  réjoui de retrouver votre fille.

Penchons-nous sur l’histoire de ce château que vous aimâtes, Marquise, en dépit de votre aversion pour la Provence.

chateau_sud

La construction du château débute au XIe siècle. L’édifice est transformé au gré des propriétaires qui se succèdent et surtout de leur état de fortune.  Cela explique la diversité des styles architecturaux qui saute aux yeux, dès le premier abord.

Il faut reconnaître que ce sont surtout les fortunes féminines qui permettent au château de se transformer ou de survivre.

Je m’explique.

Fin XVe siècle, Gaucher Adhémar de Monteil  – la famille  de Monteil possèdera le château durant près de cinq siècles, du XIII au début du XVIIIe siècle, – Gaucher, donc, épouse fort adroitement Diane de Montfort. Elle est très riche. Grâce à son argent, Gaucher entreprend de gros travaux qui transformeront la fortesse médiévale en un château de plaisance, style Renaissance.

Françoise de Sévigné, devenue comtesse de Grignan, déboursera force deniers pour l’entretien du château et le train de vie que lui impose la fonction de son mari.  Criblée de dettes, sa fille, Pauline de Simiane sera hélas, contrainte à la vente. C’est la famille de Muy qui achète le château et le garde jusqu’à la Révolution.  Mis à sac par la Révolution, le château est abandonné et devient une véritable ruine, régulièrement achetée…

Il faudra attendre 1912 et la richissime Marie Fontaine pour que le château recouvre son allure: elle consacrera une grande partie de sa fortune à la restauration réussie de ce dernier, jusqu’à sa mort, en 1937. Ses héritiers essaieront tant bien que mal  d’entretenir le château mais l’entreprise dépasse leurs possibilités physiques et financières et les voilà contraitns, à leur tour, de vendre Grignan au Département de la Drôme.

Visite des lieux pour notre prochain rendez-vous.