Mais la Marquise n’entreprend pas son gendre que des nouvelles de sa fille:

                                           » A Paris, vendredi 28 novembre 1670

Ne parlons plus de cette femme; nous l’aimons au-delà de toute raison. Elle se porte très bien, et je vous écris en mon propre et privé nom. »

Voilà qui est clair.

Il s’agit, pour la Marquise, forte de ses relations parisiennes, de dicter à son gendre la marche à suivre, pour mener au mieux sa charge de Lieutenant-Général de Provence.

« Je veux vous parler de Monsieur de Marseille et vous conjurer, par toute la confiance que vous pouvez avoir en moi, de suivre mes conseils sur votre conduite avec lui. »

Le « Monsieur » est Henri Forbin d’Oppède, qui avait assuré la fonction de François de Grignan jusqu’à sa nomination. La famille Forbin ne sera jamais favorable aux Grignan mais pour l’heure, la Marquise est convaincue des bonnes intentions d’Henri à l’égard de son gendre:

« Depuis quelques jours, il est fort adouci et, pourvu que vous ne vouliez pas le traiter comme un ennemi, vous trouverez qu’il ne l’est pas. Prenons-le sur ses paroles, jusqu’à ce qu’il ait fait quelque chose de contraire. »

Assez sensé, je dois le reconnaître.

 » Rien n’est plus capable d’ôter tous les bons sentiments que de marquer de la défiance. Il suffit souvent d’être soupçonné comme ennemi pour le devenir« 

Sublime, Marquise. Je transcris ces paroles illico dans mon « Tatoo » d’infusions littéraires.

Voilà qui est fait.

Eclair de lucidité:

« Adieu, mon cher Comte, je me fonde en raison, et je vous importune« 

Et de coquetterie:

« Mme de Coulanges m’a mandé que vous m’aimiez; quoique ce ne me soit pas une nouvelle, je dois être fort aise que cette amitié résiste à l’absence et à la Provence et qu’elle se fasse sentir dans les occasions. »

A suivre.

* Madame de Sévigné – Correspondance. Texte établi, présenté et annoté par Roger Duchêne, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, Tome I, mars 1646-juillet 1675.