Ils avaient juré de ne plus succomber aux affres de l’amour et des inévitables séparations qu’il engendre; Paul et Anna sont dès lors stupéfaits de la passion qui les saisit, du tour joyeux et désirable qu’elle déploie, des années durant.
Anna a trente-huit ans, Paul quarante-trois. Ils ne vont plus se quitter. La vie les attend. Ils se lèvent, traversent la salle et ce que l’on voit, c’est cette évidence, cette lumière qui les irradie et dont il aurait été impossible de dire à quel moment de la soirée elle a fait son apparition et en quoi elle consiste précisément
Enfant mal aimée – elle n’a subi qu’indifférence feutrée de ses parents – maman d’un enfant autiste, Hugo, Anna veille, seule, sur le bien-être de ses deux fils, exerçant à temps plus que plein le passionnant métier d’éditrice. Ce fragile équilibre, ses solides convictions contre les attachements durables vont être mis à mal par la rencontre avec Paul, son alter opposé . Etre mis à bien..aussi, car Paul apprivoise peu à peu Hugo, l’intègre dans leur nouvelle vie familiale.
Ainsi passent dix années d’un bonheur qu’on se prend à croire pérenne
Mais c’est compter sans les démons qui agitent Anna et sèment, à travers elle, les germes de destruction massive d’une relation par trop fusionnelle.
Démontant avec acuité tous les mécanismes qui mènent Anna du bord au fond du gouffre et les réactions propres à chacun des protagonistes, Cécile Pivot réalise une description chirurgicale de ceux-ci, envoûtante, fascinante.
Elle démontre avec brio l’inégalité essentielle de l’homme et de la femme devant la rupture.
Un premier roman qui va percuter d’intérêt la rentrée de janvier
Apolline Elter
Battements de coeur, Cécile Pivot, roman, Ed. Calmann-Lévy, janvier 2019, 272 pp