Poursuivons notre voyage au pays des légumes, avec un extrait de La citrouille est une lune naufragée (chronique, hier, sur le blog) et un portrait bien de saison:
« Un tube filandreux gorgé d’eau. Certains vous diront qu’elle n’a pas de saveur. Bizarre, intrigante par sa simplicité, l’asperge est élégante et diurétique. (…) Dédaigneuse, hautaine, elle ne peut se manger que seule et réclame l’exclusivité d’une entrée. C’est une reine, l’aristocrate des primeurs, elle en a le port et les exigences. Longue, effilée, il faut dire qu’elle a fière allure et une grâce assurée. Peu de légumes peuvent se vanter de se tenir aussi droit, absolument droit, sans embonpoint ni quelconque renflement. Port altier d’une déesse vénérée. (…) L’asperge blanche a toutes les vertus d’une vierge militante, l’inébranlable volonté, la force souterraine de la combativité et de la foi. C’est la Pasionaria des légumes, le lys armé des primeurs. (…) L’asperge est une promesse printanière, une passante, un absolu fugace qui suscite autant d’amour que de regrets. Une apparition vite envolée. »
La citrouille est une lune naufragée. Sur l’imaginaire des légumes, Marie-Christine Clément, Albin Michel, mars 2008, 118 pp, 12 €.
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