La grande vie

La grande vie

 

0120598[1].gif » Ce qu’on appelle un poète n’est qu’une anomalie de l’humain, une inflammation de l’âme qui souffle au moindre contact – même celui d’une brise. A Mallarmé hypersensible, la vie est venue prendre un enfant et lui a dit: maintenant chante si tu peux. Chante avec ce trou que j’ai fait dans ta gorge. La disparition en plein vol d’un enfant, c’est Dieu qui jette notre coeur aux bêtes. Et Mallarmé, voyez-vous, n’a pas chanté. Il a bégayé, angéliquement bégayé. Le livre élevé sur l’enfant mort est comme les briques restantes d’une bergerie en ruine. »

La grande vie, Christian Bobin, essai, Ed. Gallimard, janvier 2014, 126 pp