Nous vous livrions chronique, hier; voici l’extrait jouissif qui préfigure la construction d’un roman, si ce n’est celle de La Gloire des maudits
Ah, Gabrielle ! Je vous souhaite de connaître un jour la jouissance intime, absolue, de cette écriture de l’aube. C’est l’instant où tout est possible, où le monde balbutie, où le langage n’existe pas encore. Tout est affaire de regards, d’intuitions, d’idées confuses. Nous sommes dans le grand magma qui a précédé les mots. Il faut alors extraire un cocon de lave, puis le muer en phrases, en pays, en personnages. Il perd déjà de son innocence mais il est grisant. Et, jour après jour, ces pages deviennent des chapitres, ces chapitres des parties, ces parties un volume. Et bientôt le livre existe, et ce monde que vous croyiez à vous seul réservé ne vous appartient plus et prend le nom de roman …
La gloire des maudits, Nicolas d’Estienne d’Orves, roman, Ed. Albin Michel, août 2017, 528 pp
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