« A midi un jour d’hiver, Jules se coucha sur le côté en fermant les yeux, et laissa Valentine découvrir le malheur d’être veuve.
Mais avant le froid et le noir, avant la terre et la pierre, l’officier qui se tenait droit dans son bel uniforme, se coula tant et si bien et si souvent dans la chaleur de son épouse, qu’il lui fit huit enfants. Huit enfants de l’amour, car ni Jules ni Valentine n’avaient d’inconstance. Huit enfants de la souffrance, car Valentine connaissait des grossesses difficiles et des accouchements incertains: son corps qui était si étroit n’était pas fait, comme Dieu pourtant semblait le vouloir, pour porter les enfants. Elle ne s’en plaignait jamais, mais le ralentissement de ses gestes suffisait à le trahir, le masque gris sur son visage à l’exprimer. Elle connut donc huit calvaires, huit délivrances, huit enchantements (ou presque).’
L’élégance des veuves, Alice Ferney, Actes-Sud, 1995 (Babel, e.a. 2008), p 15.
Commentaires récents