On s’étonne inutilement de mon art de guérir par le pouvoir des mains, la puissance de leurs mouvements à la surface des corps. Mais c’est le premier geste adressé à tout être venant au monde. Le nouveau-né est posé sur la poitrine de sa mère qui le couvre aussitôt de ses mains. Chacun de nous a commencé sa vie en recevant ce traitement magnétique. La caresse n’est un plaisir que de manière seconde : elle est le soin primordial, celui qui nous a guéris de la douleur d’être nés. Ce qui sourd de mes mains, et dont je fais ressource auprès des arbres, des étoiles ou de mon violoncelle, est de même essence que l’énergie vitale luttant, dans le malade, pour son relèvement. C’est l’accord harmonique, l’émulsion symphonique provoquée par la rencontre des deux forces qui guérit. Mais rien d’étranger n’est imposé au corps..
Juste la recomposition de la vie elle-même dans la rencontre de nos corps.
Le guérisseur des Lumières, Frédéric Gros, roman, Ed. Albin Michel, août 2019, 172 p