« Les invités se dispersaient dans le jardin avec une harmonie difficile à attribuer au hasard. Neville y reconnaissait les symptômes d’une réception réussie : les gens se dépassaient. Soucieux de la beauté qui émanait de leur ensemble, ils étaient ce qu’ils pouvaient être de mieux : leurs mouvements coulaient les uns vers les autres, leurs paroles avaient la légèreté et la grâce de poèmes en prose. Personne ne cherchait à se mettre en avant et même les timorés accédaient à une forme d’existence.
« Comme ce spectacle plaît à mes yeux, à mes oreilles, à mon esprit ! pensait leur hôte. Et dire e je vais détruire à jamais ce monde parfait ! Ce n’est pas seulement ma fille que je vais assassiner, c’est cet univers auquel je vais mettre fin. Suis le dernier représentant cl’ une courtoisie désuète, d’un art exquis d’être ensemble. Après moi, il n’y aura plus que des mondanités.»
Le crime du comte Neville, Amélie Nothomb, roman, Ed. Albin Michel, août 2015, 136 pp
Commentaires récents