Ce vers d’Aragon, « Jean d’O » l’avait fait sien, au point qu’il me surgit aussitôt à l’esprit lorsque j’appris, hier, tôt matin, la consternante nouvelle de sa disparition.
C’est que nous le pensions éternel, l’affable, spirituel, vif, séduisant Académicien au regard d’acier…poli. Toujours prêt à s’émerveiller, vibrant d’enthousiasme au sens divin du concept. Mort d’un arrêt cardiaque, lui qui a porté la courtoisie au rang d’art de vivre, l’a pratiquée à travers un parler aussi enjoué que raffiné.
Alors, cher Jean d’Ormesson, soyez remercié pour l’élégance que vous incarnez.
Sans doute rencontrez-vous, en cet instant, ce Dieu que vous espérez, qui vous attend:
« J’ai aimé la vie qui est une épreuve très cruelle et très gaie. J’ai aimé son orgueil qui est absurde, sa beauté qui est un don de Dieu, le rire qui est le propre de l’homme, le mystère qui est notre lot. J’attends la mort sans impatience, mais avec une humble confiance. Parce que je crois qu’il y a un Dieu qui est un Dieu de pardon et d’amour
( Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit, Ed. Robert Laffont, août 2013- chronique sur ce blog)
Sans doute aussi conversez-vous avec la Grande Demoiselle, de ce château de Saint-Fargeau qui vous fut si précieux, à tous deux, vous entretenez-vous avec notre si chère marquise de Sévigné, avec Marguerite Yourcenar dont vous avez si élégamment orchestré l’entrée sous la Coupole. La célèbre écrivain vous précède de trente ans dans l’Au-delà; nul doute qu’elle aura « ourdi » en votre faveur ces amicales conjurations d’accueil que vous lui aviez réservées lors de son élection.
Avec vous, Jean d’Ormesson, jamais il n’y aura mot de la fin.
Il y a votre fille, Héloïse d’Ormesson, dont vous confiiez, il y a quelque dix ans : « Ce que j’ai fait de mieux dans ma vie, c’est ma fille. Je suis plus fier d’elle que de moi’
(L’odeur du temps, Jean d’Ormesson, Ed. Héloïse d’Ormesson, 2007)
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