« C’est là le rôle de toutes les liturgies, qu’elles soient religieuses, politiques, idéologiques ou sociales, qui s’inscrivant dans un système donné de symboles, de valeurs et de croyances, visent notamment à exalter le vouloir-vivre ensemble, que celui-ci soit durable ou temporaire et, dans le cas de la table, celui d’éviter que la convivialité ne se transforme en promiscuité. »
Opus majeur dans le domaine, le superbe (et dispendieux…) livre de Léo Moulin trace l’histoire des principaux aliments, leur destin culinaire et surtout, l’ensemble des rituels qui président à cette « forme de communion essentielle » que sont les repas.
Partager un repas suppose l’obéissance à une série de règles, culturelles, pragmatiques…que l’auteur développe en les situant dans le contexte bien intéressant de leur imposition. Si l’on songe que l’homme consommera de 75.000 à 100.000 repas au cours de son existence, leur consacrant 13 à 17 années de sa vie éveillée, on se dit qu’il n’est sans doute pas un luxe de se pencher sur cette activité.
La boisson, café, chocolat, champagne, vin, bière et alcools forts, n’est pas oubliée qui se voit consacrer une partie importante de l’ouvrage.
Une bibliographie riche de plus de quatre cents titres soutient l’érudition impressionnante du Maître es convivialité culturelle que fut Léo Moulin. Edité par le Fonds Mercator, le livre est illustré d’une iconographie abondante et somptueuse.
Une Bible dans le domaine
Apolline Elter
Les liturgies de la table. Une histoire culturelle du manger et du boire, Léo Moulin, Fonds Mercator, Albin Michel, mai 1989, 424 pp
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