Délicieux en tout sens, ce roman pourrait bien constituer le point d’orgue de notre rubrique « Gourmandises » et des rapports entre la littérature et le chocolat.
Débarquée un mardi gras à Lansquenet-sous-Tannes, terne village près d’Agen, Vianne Rocher s’y installe avec Anouk, sa fille de six ans pour y ouvrir La Céleste Praline, boutique voluptueusement dédiée à sa passion du chocolat.
Oui mais voilà, le jeune et rigide curé Raynaud prend de très mauvaise part, l’installation d’une telle tentation, en face de son église et de surcroît, en période de Carême De là à diaboliser Vianne et le mystère gourmand qui l’entoure, il n’y a qu’un Pa…ternoster. Le village est bientôt scindé entre les bien pensants et les fidèles clients de la boutique: Vianne devient ainsi la confidente des drames enfouis.
» Je connais les friandises préférées de chacun. C’est un don, un secret professionnel, comme une diseuse de bonne aventure lisant dans les lignes de la main. (…) Mais j’aime bien ces gens (…) Je sais lire leurs yeux, leurs bouches tellement facilement: celle-ci avec son soupçon d’amertume va raffoler de mes zestes d’orange confits; celle-ci avec son doux sourire, mes abricots fourrés au coeur si moelleux; cette petite fille aux cheveux ébouriffés par le vent va adorer les mendiants; cette femme vive et joyeuse, les noix du Brésil au chocolat. Pour Guillaume, les florentins, dégustés avec délicatesse au-dessus d’une soucoupe dans sa maison bien rangée de célibataire. Le goût de Narcisse pour les truffes aux deux chocolats révèle sa bonté de coeur sous son extérieur bourru. Caroline Clairmont rêvera cette nuit de caramels mous et elle se réveillera affamée et de mauvaise humeur. Quant aux enfants…des copeaux de chocolat, des pastilles de chocolat blanc ornées de vermicelles de couleur, des pains d’épice à bordure dorée, des fruits confits dans leurs nids de papier plissé, des pralines, des rochers, des craquelins, des assortiments de débris dans des boîtes d’un demi-kilo…Je vends des rêves, de menues consolations, d’exquises tentations inoffensives pour qu’une multitude de saints dégringolent de leur piédestal et viennent se fracasser au milieu des noisettes et des nougatines. »
Chocolat, Joanne Harris, roman, trad. de l’anglais par Anouk Neuhoff, Quai Voltaire, 2001, 336 pp
Apolline Elter
Rendez-vous samedi 16 janvier, en notre rubrique « Gourmandises » pour une infustion chocolatée des plus voluptueuses…
Je ne connais pas ce livre, donc je ne sais pas faire de commentaire à ce sujet. J’ai ajouté aujourd’hui votre blog parmi les liens du Journal d’un Petit Belge (où j’ai consacré cette semaine un nouvel article à Colette Nys-Mazure). Bon week-end sous la neige…
d’avoir mis ce blog dans les liens du vôtre. Merci de l’honorer de la sorte!
Très cordialement,
Apolline Elter