Notre feuilleton consacré au chocolat dans la littérature prend un tour quelque peu tragique avec la relation du slogan « Buvez du cacao Van Houten« .
Qu’il est bon d’avoir l’âme enveloppée dans une blouse jaune
Pour la défendre des regards!
Qu’il est bon,
Quand on est jeté aux dents de l’échafaud,
De crier
« Buvez du cacao Van Houten! »
Vladimir Maïakovski, Le nuage en pantalon.
Exergue de l’ouvrage éponyme d’Ornela Vorpsi, le cri du condamné relèverait d’un fait divers relativement sordide:
» Je ne comprenais pas de quelle façon le cacao Van Houten prétendait rendre la mort plus douce, et dans le cas où il possèderait ce pouvoir, il fallait que je mette la main sur ce cacao exceptionnel. Avec cette pensée, je cherchai, dans les notes situées en fin d’ouvrage à quel fait précis se référait Maïakovski.
Voici ce que je raconterai ce soir à Ija:
A l’époque lointaine de 1910, il existait en ce monde un homme comme tant d’autres, condamné à mort pour je ne sais quelle raison. Ce qui est sûr, c’est que l’homme fut exécuté en plein air, face à la foule. Puis il y avait une société, elle produisait du cacao et il s’appelait Van Houten. Van Houten a besoin de publicité. Je ne sais comment se portaient à cette période les affaires de l’entreprise, toujours et-il qu’elle décide d’acheter le dernier voeu du condamné: Van Houten versera une forte somme à la famille du malheureux si, avant de mourir, au moment de l’exécution, il crie à la foule curieuse, en guise de dernier voeu, cette phrase : « Buvez du cacao Van Houten! » Et il l’a criée, Ija. »
Apolline Elter
Buvez du cacao Van Houten! Ornela Vorpsi, traduit de l’italien par Marianne Véron, Actes Sud, sept 2005, 158 pp, 16 €.
Samedi 6 février : dernier épisode de notre feuilleton consacré au chocolat dans la littérature.Vous aurez rendez-vous avec Charlie..
Commentaires récents