Dire que vous sautiez de joie à la perspective de la visite d’un mémorial austère, dévolu à la guerre, serait une vision tronquée de la réalité….
Il semblait que vous fussiez assez claire sur la question;
La paix (des ménages) impose quelques joyeuses concessions
Vous feignez donc l’impatience (d’en avoir terminé)
La surprise de la découverte n’en sera que plus intense…..
La première révélation, sitôt franchi l’immense hall d’accueil, est que le mémorial est, avant tout dédié à la Paix.
Evitant la vision par trop franco-centrée de la Seconde Guerre, il en révèle, d’un parcours magnifiquement étudié, d’une scénographie admirablement orchestrée, la marche inéluctable, les facteurs qui ont favorisé les sombres desseins d’Adolf Hitler
Ces derniers sont au nombre de trois:
– Par trop humiliant pour les vaincus, le Traité de Versailles ( 28 juin 1919) contenait les germes d’un nouveau conflit
– La crise financière du 24 octobre 1929
– La terreur collective (et entretenue) face à la croissance du bolchévisme
Furent pain béni, arguments de choix pour l’accession au pouvoir, la fureur, d’un vociférant Fürher. Et d’yn greffer, à titre de haine personnelle, l’anti-sémitisme assassin qui lui fit, même, par moments, oublier les enjeux de la guerre. Décidée à la fin de l’automne 1941, la « solution finale » fut poursuivie, même quand elle ne servait pas les intérêts du conflit.
« J’ai la vision soudaine d’une France qui perd ses entrailles » écrira Antoine de Saint-Exupéry (Pilote de Guerre) à l’évocation de l’Armistice de juin 1940.
Evacuation – exode de millions de civils sur les routes – bombardements, discours, résistance, ghettos, témoignages de rescapés des camps, bilans sanglants … sont thèmes d’un parcours étudié, de projections en boucles, de (com)préhensions marquantes pour nos générations, nos mentalités si éloignées d’un patriotisme d’apparence suranné…
La bataille suprême que constitue le Débarquement de Normandie (dès le 6 juin 1944) révèle à l’envi le lourd tribu payé par la Normandie: les bombardements alliés furent d’autant plus rudement ressentis par les Normands que les tracts d’information lancés depuis le ciel, dispersés par le vent, n’atteignirent pas leur cible. Le bombardement de Caen, le 7 juillet de la même année- il fallait à tout prix, empêcher toutes les voies de communication pour l’ennemi- fit de cette dernière une ville-martyr.
Il faudra encore attendre dix mois pour que se signe l’Armistice et le bilan total – quoique difficile à établir – de soixante millions de morts parmi lesquels on dénombre 35 millions de civils.
Plus jamais ça.
Une visite à effectuer en famille – en évitant aux yeux sensibles – les stations par trop éprouvantes.
AE
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