Nul visiteur de ce blog ne l’ignore, la découverte de la biographie que Laure Hillerin consacre à la comtesse Greffuhle (billet de ferveur en vitrine du blog) fut une surprise sublime, majeure, de l’année.
La biographe nous revient, cet été, avec un Proust pour rire, (Ed. Flammarion, mai 2016) dont je me délecte à petites lampées…avant de vous en concocter le résumé..
Nous lui avons tout naturellement posé la question qui hante notre esprit en cette période de grande migration estivale: qu’emporteriez-vous comme (seule) lecture si d’aventure, vous entrepreniez le tour du monde à pied?
Sa réponse, merveilleuse, ne nous a point surprise.
Je vous la révèle:
« Le livre que j’emporterais pour accompagner mon périple seule autour du monde et à pied serait À la Recherche du temps perdu, de Marcel Proust.
Le seul problème technique serait… le poids, qui me contraindrait à l’emporter en format numérique, sur une « liseuse ».
La raison de mon choix est simple : c’est un livre qui m’aide à vivre.
L’explication, c’est l’auteur lui-même qui la fournit : « En réalité, chaque lecteur est quand il lit le propre lecteur de soi- même. L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une espèce d’instrument optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que sans ce livre il n’eût peut-être pas vu en soi-même. »
Un livre inclassable, unique en son genre, une sorte de « potion magique ».
La démonstration que « La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c’est la littérature ; cette vie qui, en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l’artiste. Mais ils ne la voient pas, parce qu’ils ne cherchent pas à l’éclaircir. » Un livre qui est une leçon d’humanité. À l’opposé de ce que certains imaginent, tout le contraire d’un livre ennuyeux ou intellectuel, car il n’est pas fait de théories, mais d’émotions et de sensations approfondies avec persévérance, jusqu’au vertige de la connaissance. Un livre qui débouche sur l’éternité en s’attardant sur le moment présent. Sur l’universel en se focalisant sur l’individualité.
Et, cerise sur le gâteau, un livre souvent très drôle, qui joue sur tous les registres de l’humour et de l’autodérision — humour non pas corrosif, mais clairvoyant qui, à mon sens, rime avec « amour ».
Laure Hillerin
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