« Les puissants ignorent la rapidité de jugement de ceux qu’ils croient dominer: ayant avalé plus de couleuvres que le monde n’en produit depuis la création, ils savent vite distinguer le vrai chef du minable galonné. Et les révolutions n’ont souvent d’autre objet que de rétablir les vraies hiérarchies. »
Et si les attentats du World Trade Center (11.9.2001) trouvaient leur genèse dans le traité Sykes-Picot (16.5.1916)? Traité par lequel Anglais et Français, dépècent le Moyen Orient, s’octroyant mutuellement les mandats d’administration de ses régions.
Le raccourci semble audacieux. Son développement séquentiel nourrit la passionnante saga Inch’ Allah dont Gilbert Sinoué nous livre le premier tome, Le souffle de jasmin, en ce mois d’avril.
« Vous tricotez et détricotez nos pays comme s’il s’agissait de vulgaires pelotes de laine. Vous placez des roitelets pantins, à l’instar de ce pauvre Fayçal, sur des trônes pour mieux les renverser ensuite. «
A travers le destin, les relations et amours – parfois improbables – des membres de cinq familles – deux palestiniennes, une juive, une égyptienne et une irakienne – le romancier fabuleux , maître-conteur hors pair -il n’y a que lui pour truffer le texte d’expressions arabes particulièrement vivantes – , invite le lecteur à démêler un écheveau de situations pour le moins complexes – les conflits israélo-palestiniens, la révolte syrienne, l’ascension de Nasser, l’avènement d’Anouar von Sadate….selon une chronologie qui court, pour ce premier volet du dyptique, du 16 mai 1916 au 6 novembre 1956. Une carte géographique commentée permet, d’emblée de propos, de rattacher les différents territoires à leurs autorités de tutelle.
Connu pour ses vertus apaisantes et cicatrisantes, le jasmin apaisera-t-il de son souflle une poudrière savamment alimentée par les Anglais?
On ne peut qu’attendre avec impatience la parution du second tome d’Inch Allah prévue pour la rentrée prochaine.
Apolline Elter
Inch Allah- Le souffle du jasmin, Gilbert Sinoué, roman, Flammarion, avril 2010, 438 pp, 21 €
Gilbert Sinoué, merci de nous accorder la faveur d’un billet.
Trente-neuf maximes, puisées de vos lectures ou de votre propre sagesse, illuminent les têtes de chapitres. Elles déterminent le sens des pages qui font suite.
– « Sous le nom de « Livre d’Histoire« , nous enseignons à nos enfants le calendrier criminel du monde » proclame Oscar Wilde. C’est justement le rôle des Anglais et leur façon détournée de mettre le feu aux poudres que vous fustigez dans Le souffle de jasmin:
Gilbert Sinoué:
Comment ne pas imputer à la politique anglaise la responsabilité des tragédies qui ont secoué cette région moyen-orientale du monde ? Contraindre, ou convaincre les tribus arabes à se soulever contre les Turcs pendant la première guerre mondiale en leur promettant l’indépendance une fois le conflit terminé, amené des hommes à sacrifier leur vie, pour ensuite leur annoncer
– « Je vous donnai un pays que vous n’aviez point cultivé, des villes que vous n’aviez point bâties et que vous habitez, des vignes et des oliviers que vous n’aviez point plantés et qui vous servent de nourriture. « Josué 24:13
Le conflit israélo-palestinien est au coeur du roman;l’écheveau des ambitions de chaque camp paraît d’autant plus inextricable que les noeuds de discorde remontent à l’époque du Christ. Est-ce exact?
Gilbert Sinoué:
Bien entendu. Mais la solution du conflit existe. Elle est contenue dans les propos tenus par Ben Gourion vers 1930
– Et celle-ci, très belle, « Il n’est rien de plus réconfortant, qu’un reflet de son enfance dans les yeux de son fils« . C’est vous qui l’avez rédigée, n’est-ce pas?
Gilbert Sinoué
Ma modestie dut-elle en souffrir
Côté « madeleines », nous avions eu la joie de déguster, à vos côtés, un kebbe de derriète les fagots. C’était le …16 mai 2008. J’invite les visiteurs à en re-découvrir le reportage sur ce blog ( http//editionsdelermitage.skynetblogs.be/post/5877421/)
Le souffle du jasmin est parcouru de moments conviviaux, de retrouvailles familiales autour de plats typiques. En est-il qui ont une saveur particulière à votre palais? La mehallabieh, peut-être…?
Gilbert Sinoué
« Parfaitement. Mais hélas, les douceurs orientales ont ceci de terrifiant
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