Le succès (quasi) planétaire de Réparer les vivants, ( Ed. Gallimard/ Verticales, janvier 2014) a mis forte pression sur l’écriture de Maylis de Kerangal.
L’exquise écrivain a repris le chemin de sa chambre de bonne du Marais, convertie en bureau – lire à ce sujet l’excellent article que lui consacre le magazine Lire de septembre) – et a encré sa plume de l’étude d’un nouveau sujet, en l’occurrence, la peinture décorative.
Centré sur Paula Karst et sept années de sa vie qui mènent l’étudiante de 20 ans à L’institut de peinture bruxellois de la rue du Métal (NDLR : Institut Van der Kelen) à la spécialiste de 27 ans en art pariétal et à l’ultime « clonage » de la grotte de Lascaux ( Dordogne), le roman révèle une étude heuristique remarquable , se profiledocumentaire, riche d’un vocabulaire technique, fascinant et précis.
Côté trame narrative: focus est d’emblée mis sur les retrouvailles, à Paris, d’un trio complice d’étudiants de la rue du Métal, Paula, Jonas et Kate. On croiit entendre en sourdine, la chanson de Patrick Bruel, « Place des grands hommes » car qui dit retrouvailles, dit bilan . Et sans doute plus car affinités…
La carrière de Paula ouvre le lecteur à un monde nouveau, celui de la peinture décorative, des décorsen trompe-l’oeil, de théâtre, de cinéma, jusqu’à cette rencontre ultime ( dans le cas de la narration) avec l’art « vingt millénaire » de la grotte de Lascaux, dont il s’agit de reproduire le fac-similé. Elle l’ouvre aussi à la question fondamentale, enjeu de ce roman, aux termes subtils, choisis, pesés, celle de notre rapport à la Nature, au vrai, à la vérité. Est-il possible de s’approprier de la sorte, Un monde à portée de main?
Nous laissons au texte, le mot de la fin : »
: » Alors prise dans le faisceau du rétroprojecteur, filtrée à travers le calque lumineux de la photographie, tissée de sillons et de veines plus claires, intégrée dans les à-plats de peinture, elle-même creusée de rivières souterraines, de galeries obscures et de chambres ornées, Paula s’est fondue dans l’image préhistorique et pariétale »
Un monde à portée de main, Maylis de Kerangal, roman, Ed. Veriticales ( Gallimard), août 2018, 288 p
Apolline Elter
Billet de faveur –
AE : L’art pariétal semble consacrer l’apogée de celui de Paula – du moins , à ce moment de sa jeune carrière. Est-ce la quatrième « mouture » de la grotte de Lascaux qui vous a inspiré le sujet du roman et menée à la découverte de cette école bruxelloise spécialisée en peinture décorative ou l’inverse ?
Maylis de Kerangal :Il y a exactement cela, et je salue votre lecture : recevant à l’Institut du Métal une forme d’initiation, Paula se retrouve à la fin du roman en position « initiale », autrement dit « revenue » sur le lieu de la naissance de l’art. Il y a donc, effectivement, un chemin à l’envers, qui est un peu une route du retour
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Information d’agenda: Maylis de Kerangal a répondu présente à l’invitation de la Librairie Point Virgule, à Namur, ce mardi 11 septembre, à 20 h
Vu l’affluence, la rencontre se fera en un lieu autre mais proche de la merveilleuse librairie
Je relaie avec joie, toutes les informations d’agenda:
Nous serons très nombreux à écouter Maylis de Kerangal, et nous vous remercions de votre enthousiasme. La librairie étant trop petite pour vous accueillir confortablement, la rencontre aura lieu à deux pas, au premier étage de la Brasserie François, dans une salle au décor aussi somptueux que ceux peints par Paula Karst dans « Un monde à portée de main ».
Si vous souhaitez plus d’informations sur le roman ou sur la rencontre, rendez-vous sur le site de la librairie.
Vous pouvez vous inscrire par téléphone (0032 81 22 79 37) ou par courriel.
La rencontre est organisée avec le soutien du Service de la Promotion des Lettres.