Hier, à savoir, lundi 27 janvier soir, l’amphithéâtre Vauban (UNamur) fut le… théâtre d’une rencontre de tout haut vol avec Leïla Slimani, orchestrée par les Grandes Conférences namuroises et animée par Anouk Delcourt (Librairie Point virgule, à Namur (Belgique)
L’écrivaine franco-maraocaine très chère à votre site préféré, venait en effet, présenter son roman J’emporterai le feu, fraîchement paru aux éditions Gallimard, conclusion de la trilogie amorcée avec Le pays des autres (Ed Gallimard, mars 2020 – voir chronique sur le site)
L’enjeu était de taille pour l’animatrice – Anouk Delcourt – qui devait intégrer en une vue d’ensemble et de sens les événements présents dans les trois romans et les destins respectifs des protagonistes – Mathilde, Amine, Selma, Selim, Aicha, Medhi et Mia à travers le Maroc, la France et quelque quatre-vingts années d’existences. Exercice qu’elle réalisa avec brio, soutenue d’un important travail en amont et d’une connaissance aiguë du travail de l’auteure.
Un travail de synthèse aui ouvrit d’emblée la porte à des questions précises, profondes et des réponses lumineuses qui propulsèrent l’entretien dans des sphères supérieures de compréhension.
En voici quelques bribes, glanées de notes prises à la volée, révélatrices tant du moteur d’écriture de l’auteure que de l’évolution sociétale du Maroc et des rapports franco-marocains
Interrogée sur l’origine de sa vocation d’écrivain, Leïla Slimani l’inscrit clairement dans son enfance, l’adoubement de ses parents, de son entourage :
« L’enfance est la matrice de l’écrivain. On devient écrivain, enfant »
Et dans une vision réparatrice de l’injustice perpétré contre son père – Othman Slimani, sali incarcéré début des années 2000, décédé en 2008 et blanchi post mortem – incarné pour grande partie dans la figure poignante de Mehdi
Fervente militante de la pleine égalité hommes-femmes , Leila Slimani observe les progrès prometteurs opérés, ces trente dernières années, dans la vision des femmes et de leur place dans la société par une mentalité ambiante assez ouverte, au Maroc . En point de mire, le rapport pères-filles qui évolue dans la voie d’une confiance inédite.
Le passage en revue de chaque protagoniste de la saga permit un rétro-éclairage des plus signifiants sur ses deux premiers tomes et une compréhension nouvelle de la promesse incluse dans le titre du troisième tome: une transmission de feu et de flambeau, constitutive tant de l’identité des acteurs en présence que de celle de leur descendance.
Et l’auteure d’insister sur le destin commun qui unit ses patries de coeur et d’ardeur, le Maroc et la France et toutes ces altérités qui cohabitent en elle
D’appuyer avec ferveur la mission du roman, telle qu’elle la conçoit: poser les questions sans prétendre y répondre ni détenir la vérité; Une façon de partager l’aventure de la vie dans sa complexité.
Une rencontre riche, qui nous fait grandit
Nous vous revenons sous (très) peu avec la chronique de J’emporterai le feu
Apolline Elter