Sélectionné par un jury de haut vol, le Prix Sévigné 2023 a été attribué, mardi 9 janvier passé, à l’excellent travail d’édition, opéré par Rémy Amouroux, de quelque neuf cent lettres échangées entre Sigmund Freud, (1856-1939) père de la psychanalyse et la princesse Marie Bonaparte (1882-1962), arrière petite-nièce de Napoléon, épouse très libérée du prince George de Grèce et de Danemark.
Une correspondance de quatorze ans – elle s’éteint avec le décès de Freud – tour à tour amicale, intime, révélatrice tant de la personnalité des scripteurs, leurs quêtes, oeuvres et pratiques professionnelles respectives que des événements qu’ils vivent, en ce comprise la fuite de Freud pour Londres en 1938, pour échapper au régime nazi.
« Cette correspondance entre Marie Bonaparte et Sigmund Freud, jusqu’alors inédite, est passionnante de bout en bout. Outre qu’elle apporte de nombreuses informations sur le «moment Bonaparte » de la psychanalyse en France, elle nous offre la possibilité d’être les témoins privilégiés du déroulement d’une cure analytique, d’entendre les voix de Freud et de Marie Bonaparte et d’entrer dans leur intimité. Son intérêt dépasse, et de loin, le seul domaine du freudisme et permet au lecteur d’explorer tout un pan de notre histoire intellectuelle et culturelle. C’est aussi un témoignage original sur les mœurs de la vie bourgeoise à Paris et à Vienne, celles du gotha européen, la montée du nazisme et la fin d’un monde, du parcours de soins de sa fille Eugénie atteinte de tuberculose–la maladie et la mort sont omniprésentes au fil des lettres–, ou encore l’évolution des conceptions de la féminité au début du XXe siècle. »
Rendez-vous au Festival de la correspondance de Grignan, du 2 au 6 juillet prochain, pour une rencontre avec le lauréat de ce prix prestigieux
Apolline Elter
Marie Bonaparte, Sigmund Freud, Correspondance intégrale, 1925-1939, Rémy Amouroux (édition) – Olivier Mannoni (traduction de l’allemand), essai, Editions Flammarion, octobre 2022, 1084 pp